Par le Musée de la Musique – Mouassine
Le jour ‘Achoura se fête le 10ème du mois de Muharram, mois où le Prophète Mohammed quitta la Mecque pour se rendre à Médine. Le Prophète, voyant que les Juifs célèbraient alors le Grand Pardon, instaura en 622 un jour de jeûne purificateur et facultatif, et annonça que s’il était encore en vie l’année suivante, le jeûne serait de deux jours.
La fête puise ses origines dans plusieurs traditions du monde musulman. En Iran ‘Achoura est plus endeuillé, au Maroc ‘Achoura est plus joyeux. C’est une fête familiale, orientée vers l’enfance, des visites aux « jardins d’éternité » – les cimetières – et les dons – la zakāt et la ṣadaka –.
Il était de tradition que les artisans ne travaillent pas cette semaine-là dite errba. Des confréries organisent alors la commémoration dite à Taroudant la frāja et à Marrakech la daqqa.
La daqqa est une des cérémonies de cette période festive. La cérémonie avait lieu dans la nuit du 9 ou 10 Muharram sur un espace public. Izza Génini, filma en 1999 une daqqa dirigée par Mohammed ben Mohammed ben Hmiddouche benmoqadem Baba.
Le plus ancien document filmé de la daqqa que nous connaissons est celui de René Bertrand en 19601 que son fils André Bertrand voulut bien nous confier en 2019. Le film a été numérisé.
Maha El Madi, directrice de la fondation Dar Bellarj à Marrakech, contribue depuis plusieurs années à réanimer ces traditions.

Les premières cartes postales de Marrakech illustrent les rassemblements joyeux des jours de ‘Achoura. On installait alors des manèges en bois dans plusieurs lieux de la ville principalement à la place Jam’ el-Fna’.
Le rituel de Boujloud ne se manifeste plus à Marrakech, mais on le voit encore, parfois ludique, parfois menaçant, dans la vallée de l’Ourika et les villages de montagne.
Dans les confréries soufies à Marrakech, on fête la nouvelle année, éventuellement par le jeûne et des invocations

Les femmes avec les voisines confectionnent des petits gâteaux dits Qrichelat qu’on mélange avec des fruits secs avant le jour d’Achoura. Il était de tradition que les femmes se rassemblent en famille et avec les voisines la nuit 9 muharram, et préparaient le couscous. Les traditions diffèrent selon les villes, à Marrakech comme à Safi on prépare aussi des fruits secs, et la femme la plus âgée offre à chaque personne présente un petit bol de fruits secs. Le henné appliqué sur les mains des jeunes filles, et sur les mains et les pieds des femmes mariées faisait partie de ces festivités.
Les enfants allument des feux et aspergent les passants avec de l’eau, du moins récemment. Enfants et jeunes gens achètent chaque année des tambours en argile (ta’arija et bendir) peints souvent de couleurs vives.
1 – Archives René Bertrand, Archives Musée de la Musique –Mouassine, Marrakech